Compte-rendu de notre escapade de 4 jours à Lyon et dans le Beaujolais.
1 er Jour
25 voyageurs matinaux sont parfaitement à l’heure pour prendre un TGV INOUI qui nous mènera en moins de 2h00 de Paris à Lyon Part Dieu.
Avec Amandine, qui nous attend, nous allons pour commencer découvrir une institution lyonnaise les Halles Bocuse. Le grand chef triplement étoilé a fortement imprégné la cuisine lyonnaise au point de donner son nom au temple de la nourriture et des boissons. Lui-même héritier des ‘Mères’, comme la Mère Brazier, à l’origine de l’excellence culinaire lyonnaise, il a su la perpétuer tout en la personnalisant. Notre déambulation parmi les étals de Sibilia et ses charcuteries, dont le fameux ‘Jésus’, de Giraudet et ses quenelles moulées à la cuillère, de la Mère Richard et son Saint Marcellin, sans oublier les tartes et les brioches à la praline aiguise déjà les papilles et les appétits alors qu’il n’est pas du tout l’heure de déjeuner !
A notre sortie Cours Lafayette, nous découvrons le premier mur peint, Paul Bocuse en majesté.
Nous reprenons alors le car, passons à proximité de l’Hôtel Dieu, hôpital devenu l’hôtel Intercontinental, dépassons la sculpture allégorie de la Garonne sur la place des Terreaux avant de découvrir notre 2ème mur peint glorifiant les arts et les lettres lyonnais avec les portraits de Saint Exupéry, Rabelais et même Frédéric Dard, l’auteur des ‘San Antonio’.
Après un déjeuner dans notre premier bouchon, Chabert et fils et ses premiers plats typiques nous entreprenons la visite du Vieux Lyon et de ses 3 principaux quartiers Saint Jean, Saint Georges et Saint Paul. 7000 personnes dit-on habitent le Vieux Lyon dans des immeubles, pour une grande part de style Renaissance, préservés de la destruction dans les années 1960, sauvegardés suite à l’intervention d’André Malraux et progressivement rénovés depuis lors.
Dans ces quartiers, la ville avait le privilège d’organiser 4 foires par an, avec des activités de ‘change’ liées aux transactions réalisées le plus souvent au moyen de lettres de change payables en d’autres lieux et d’autres monnaies. Sur la place du Change nous admirons la Maison Thomassin, bâtie au 13ème siècle, une des plus ancienne du quartier, enrichie au 15ème siècle d’une façade gothique. Nous empruntons la rue Juiverie puis la rue des Trois Maries où se situe une des plus longues traboules lyonnaises menant à la rue Saint Jean.
Les traboules permettaient de circuler d’une rue à l’autre à travers les cours des bâtiments très resserrés mais aussi pour les habitants et ceux des collines proches de venir chercher l’eau aux puits situés dans ces cours. La rue Saint Jean nous conduit à la cathédrale du même nom bâtie en bord de Saône à partir de 1180 et terminée 3 siècles plus tard. Nous ne faisons que la traverser car notre but est la montée à Fourvière par le funiculaire, appelé la ‘ficelle’ par les lyonnais. Cette colline est dédiée à la vierge Marie depuis la fin du 12ème siècle, chapelles et églises s’y succèdent au fil du temps. Lors de la guerre de 1870 l’archevêque de Lyon fait le vœu de faire construire une basilique si les prussiens n’atteignent pas Lyon ce qui est le cas car ils ne dépassent pas Nuits-St-Georges. Aujourd’hui la basilique, haute des 48m de ses 4 tours octogonales, domine la ville. A l’intérieur de grandes mosaïques enrichissent la nef. A l’extérieur depuis la terrasse St Michel la vue sur la ville est très étendue.
2 ème Jour
Pour le deuxième jour de notre séjour le beau temps est avec nous et nous filons en car jusqu’au quartier de la Croix Rousse retrouver les métiers de la soie, vieille industrie lyonnaise depuis François 1er. Les canuts, ouvriers tisserands de la soie, s’y sont établis après leur départ du vieux Lyon. Ils ont trouvé à cet endroit des maisons suffisamment haute de plafond pour y installer leurs métiers de 4m de hauteur, équipés à partir de 1801 de la technique Jacquard à cartes perforées. Les canuts payés à la pièce par les soyeux vivent plutôt chichement tout en accumulant les heures de travail. Plusieurs révoltes, parfois sanglantes, ont lieu au cours du 19ème siècle. A la Maison des Canuts, Maria, nous fait une démonstration de tissage d’une étoffe très fleurie et nous comprenons la difficulté et la lenteur d’un tel travail qui met en œuvre plusieurs milliers de fils de trame et de chaîne.
Après quelques achats de soierie nous nous dirigeons vers le mur des Canuts, notre 3ème mur peint. Créé en 1987 et plus grand mur peint d’Europe sur une surface de 1200 m2, il a déjà subi 2 transformations en 1997 et 2013, les artistes peintres faisant vieillir leurs personnages avec le temps. Ces peintures murales représentent des habitants du quartier avec des clins d’œil à la culture lyonnaise de Guignol et Gnafron aux ‘velov’, bicyclettes en location.
Empreints de culture lyonnaise nous pouvons aller déjeuner chez les Gones, bouchon des Halles.
Nous débutons ensuite une après-midi détente en rejoignant les quais de Saône pour embarquer sur un bateau qui, en une heure au soleil, va nous faire remonter la rivière depuis le quai des Célestins sur quelques méandres avant de la redescendre jusqu’au confluent avec le Rhône. Nous passons au pied des façades colorées de la Croix Rousse, devant la grande statue de Jean Kleberger notable allemand du 16ème siècle et bienfaiteur de la ville, le Cloître des sœurs de la Visitation, le Vieux Lyon qui défile sur la rive droite, les ‘24 colonnes’ Cours d’Appel et Assises du Rhône avant d’apercevoir les vestiges d’anciennes fortifications. Cette lente descente nous amène au nouveau quartier Confluence où l’on aperçoit le musée conçu par l’agence d’architecture autrichienne Coop Himmelb(l)au, que nous visiterons demain. Nous apercevons le cube orange de Jacob et McFarlane baptisé la ‘mimolette’ par les Lyonnais puis le cube vert des mêmes appelé le ‘taille crayon’. Nous voilà à la confluence des 2 cours d’eau et nous faisons demi-tour pour remonter la Saône et retrouver les Célestins.
La journée se poursuit quand nous rejoignons le parc de la Tête d’Or et ses 117 ha que nous allons parcourir avec le ’Lézard’ petit train, privatisé pour notre groupe. Cette visite un peu rapide nous fait passer parmi les 8200 du parc, devant les roseraies, les jardins botaniques, la serre tropicale, le parc zoologique où 4 girafes se font admirer par la foule. Il ne faut pas oublier le grand lac de 16 ha creusé à la pelle et à la pioche mais aussi le vélodrome que nous ne voyons pas et le boulodrome où l’on pratique la boule lyonnaise, jeu très différent de la pétanque.
Cette journée chargée se termine chez Georges, institution lyonnaise, qui aura nourri ce samedi 800 clients pour le déjeuner et probablement 1000 ce soir avec une remarquable célérité et une excellente qualité des mets.
3 ème Jour
La pluie s’est invitée à la fête et nous tentons de cheminer entre les gouttes dans le nouveau quartier Confluence. La pluie se renforçant Amandine, notre guide, prend rapidement la décision de nous emmener au centre commercial Confluence, pôle commercial et de loisirs avec ses 50 000 m2 de surface, ses 27 restaurants et ses 21 salles de cinéma. Ce n’est pas pour faire du lèche vitrine mais bien pour nous retrouver sur les terrasses abritées et voir de plus haut le nouveau quartier. Voulu dès les années 2000 par Raymond Barre puis Gérard Collomb, alors maires de Lyon c’est un quartier expérimental toujours en chantier, bâti sur les friches d’un ancien quartier d’activités industrielles et portuaires.
Au-dessus d’une darse reliée à la Saône utilisée comme port fluvial avec une station du Vaporetto, une location de bateaux et une zone de détente, nous pouvons observer quelques constructions remarquables comme le ‘Monolithe’ et ses grandes arches, immeuble de bureaux, œuvre conjointe de 5 cabinets d’architecture. Il y a aussi des appartements de luxe dans ce quartier dont les prix avoisinent les 8 à 10 000 € le m2. L’idée de mixité sociale qui prévalait à l’origine se heurte aux réalités du terrain ! A proximité se trouve l’hôtel de Région Auvergne Rhône-Alpes conçu par le cabinet d’architecture de Portzamparc, inauguré en 2014.
Nous nous dirigeons maintenant, accompagnés par la pluie, vers le Musée des Confluences.
Ce bâtiment de verre étonne par son architecture et se découvre par son immense hall d’entrée nommé le Cristal et se poursuit par le Nuage qui abrite les expositions. La grande verrière s’infléchit vers le bas pour former le Puits de gravité qui soutient le bâtiment. Il ne semble pas y avoir de façade principale mais plusieurs ‘facettes’. Chacun peut, au cours d’une visite libre, parcourir les collections permanentes classées non chronologiquement mais par grands thèmes Origines, Espèce, Société et Eternité ou bien les expositions temporaires comme ‘l’Oiseau Rare’ qui montre la diversité du monde des oiseaux ou les ‘Secrets de la Terre’ pour découvrir les richesses minérales de notre planète. A noter également une Galerie Emile Guimet forte de 250 objets en grande partie issus de donation.
Il est évident qu’en 1h30 de visite il est impossible d’admirer la totalité des richesses du lieu surtout si l’on souhaite en plus déguster un café au bar du niveau 4 avec vue sur la ville.
Après un dernier déjeuner lyonnais nous prenons la route de Pérouges dans le département de l’Ain, à une quarantaine de km de Lyon. Cité médiévale connue à partir du 14ème siècle, Pérouges bien située sur la route des foires de Genève et de Lyon, vivait à la fois de tissage et de viticulture. Cette cité a été âprement disputé au 15ème siècle par les Savoyards et les Dauphinois puis a subi les méfaits des guerres de religion. Rattaché à la couronne de France par Henri IV dès 1601, Pérouges a alors renoué avec la prospérité autour de ses activités traditionnelles.
Aujourd’hui un des plus beaux villages de France, Pérouges est fier de son patrimoine comme son église fortifiée située avant la porte d’entrée, ses maisons Renaissance avec leurs fenêtres à meneaux et ses toits en surplomb. Préservé de toute modernité dans son apparence c’est un lieu de tournage favori pour les films de cape et d’épée. Pérouges a failli disparaitre au 19ème siècle lorsque le train a évité le village. Sous l’impulsion de notables, dont Edouard Herriot, alors ministre de la Culture, un comité de sauvegarde a été créé en 1911 et sauvé le village par le rachat et la remise en l’état des belles maisons de l’endroit. Nous rejoignons ensuite Villefranche-sur-Saône, capitale de cette région viticole pour notre dernière étape.
4 ème Jour
Ce sera l’ultime journée de notre périple en région lyonnaise. Nous voici donc en Beaujolais. Depuis Villefranche la route nous fait traverser les vignes du Beaujolais générique avant d’atteindre la zone des Pierres Dorées et de l’appellation Villages. Nous sommes dans un très ancien vignoble, qui a adopté le Gamay dès le 14ème siècle au moment où les bourguignons l’éliminait au profit du pinot. Le vignoble couvre 22 000 ha principalement dans le département du Rhône et un peu en Saône-et-Loire, entre la Loire et la Saône, pour une production d’un million d’hectolitres de vin à 90% rouge et le complément en blanc issu du chardonnay.
Les terrains sont variés, plutôt argilo-calcaire au sud de l’appellation, plutôt sableux et granitiques au nord. Au sud le territoire des Pierres Dorées est ainsi nommé pour la couleur des bâtiment, églises, lavoirs, croix de chemin construits avec cette pierre calcaire, issue de sédiments marins, teintée par des oxydes de fer. Au bord des parcelles des pierres rassemblées en tas constituent les ‘chirats’. Nous traversons Frontenas, Moiré avant d’arriver à Oingt pour la visite de cet autre plus beau village de France, construit en pierres dorées. Dominé par le logis seigneurial et son donjon du 13ème siècle la vue est belle sur les monts du Lyonnais ou les Alpes par temps clair. L’ancienne chapelle castrale St Matthieu est riche de sculptures polychromes de St Matthieu ou St Vincent, patron des vignerons. Aujourd’hui le village est également un lieu de résidence et de création pour un grand nombre d’artisans d’art, malheureusement pour la plupart fermés le lundi.
Quittant Oingt nous déjeunons agréablement à Pommiers puis nous nous rapprochons des 10 grands crus du Beaujolais du Saint-Amour au Morgon en passant par le Chiroubles et autre Juliénas. La taille des ceps en ‘guyot’ pour une récolte manuelle est différente de la taille en ‘gobelet’ des génériques et Villages récoltés mécaniquement. Après quelques péripéties de conduite qui montrent sa maîtrise du véhicule, notre chauffeur nous amène au Domaine des Nugues à Lancié où nous rencontrons la famille Gelin, propriétaire. Le domaine est vaste de plus de 35 hectares de vigne, d’un âge moyen de 45 ans, principalement dans l’appellation Villages mais aussi avec quelques surfaces en Fleurie, Morgon, Moulin à Vent et Chardonnay blanc.
Il est classé domaine à Haute Valeur Environnementale depuis 2018.
La discussion autour de la cuture de la vigne, de la vinification et du commerce se poursuit par la dégustation de quelques crus et bien sûr par des achats de circonstance !
Il ne nous reste plus qu’à rejoindre la gare de Macon Loché où nous retrouvons le TGV qui nous ramène à Paris dans les temps après cette double expérience réussie, citadine à Lyon et culturelle et viticole dans le Beaujolais.